L’Afrique est à un tournant décisif de son histoire, et la clé de son avenir se trouve entre les mains de sa jeunesse. Aujourd’hui, plus de 400 millions de jeunes africains sont âgés de 15 à 35 ans, faisant de l’Afrique le continent avec la population la plus jeune au monde. Ces chiffres devraient doubler d’ici 2050. Pourtant, cette jeunesse, qui pourrait être le moteur du développement et de l’innovation, se trouve dans une situation de désarroi profond. Les défis sont nombreux : chômage, éducation inadéquate, manque de perspectives économiques, et un sentiment croissant que l’avenir ne se trouve pas sur le continent mais ailleurs.
Découvrez les raisons et conséquences que cela aura sur le développement durable du continent.
400 millions de jeunes sur le continent, mais sans emploi : Les chiffres alarmants
Le chômage des jeunes en Afrique subsaharienne est alarmant. En 2023, le taux de jeunes sans emploi, sans éducation ou sans formation (NEET) a atteint 21,9 % dans cette région, dépassant la moyenne mondiale de 20,4 %. Ce taux est encore plus élevé dans des pays comme l’Afrique du Sud, où plus de 45 % des jeunes sont au chômage.
En parallèle, les jeunes sont confrontés à des systèmes éducatifs qui ne répondent pas aux besoins du marché du travail. Un grand nombre de jeunes diplômés se retrouvent sans emploi, ce qui renforce un sentiment de frustration et de désespoir. Par exemple, au Cameroun “chaque année, plus de 300 000 jeunes sortent du système éducatif sans qualification professionnelle nécessaire pour un emploi”
Aussi, la qualité des emplois disponibles pour les jeunes en Afrique subsaharienne est une source de préoccupation majeure. En 2023, 71,7% de jeunes adultes âgés de 25 à 29 ans travaillaient dans des emplois considérés comme « précaires » , mal payés et souvent dans l’économie informelle.
Ces défis socio-économiques ont des conséquences dramatiques. Selon le African youth survey 2024, environ 85 % des jeunes Nigérians envisagent de quitter leur pays dans les trois prochaines années. Ce phénomène, souvent désigné sous le terme de « fuite des cerveaux », est sans surprise en augmentation sur tout le continent.
La migration des jeunes africains : Un rêve d’ailleurs aux conséquences désastreuses
En effet, le désir de partir est de plus en plus palpable chez les jeunes Africains. Le African youth Survey 2024 déclare que 58 % des jeunes Africains envisagent sérieusement d’émigrer dans les trois prochaines années, un chiffre en hausse par rapport aux 51 % de 2022. Cette tendance est particulièrement forte dans des pays comme le Nigeria, où plus de 85 % des jeunes disent vouloir quitter le pays. Les principales destinations incluent l’Europe et l’Amérique du Nord, où ces jeunes espèrent trouver de meilleures opportunités économiques, un niveau de vie plus élevé, et plus de stabilité politique.
Mais pourquoi tant de jeunes souhaitent-ils partir ?
Les raisons sont multiples. En Afrique du Sud, par exemple, la corruption est citée comme la principale raison d’émigrer (38 %), au Gabon, elle atteint 32 %. En Tanzanie, le manque de services de base comme l’eau, l’électricité et les soins de santé pousse 23 % des jeunes à vouloir quitter le pays. Le manque de soutien gouvernemental (27 %) et l’absence d’emplois bien rémunérés (29 %) sont également des facteurs majeurs cités par les jeunes africains interrogés.
Ce sentiment d’abandon est renforcé par des politiques économiques qui ne parviennent pas à créer suffisamment d’emplois formels. Seuls trois millions de nouveaux emplois formels sont créés chaque année, bien en deçà des besoins d’une population jeune en forte croissance.
La fuite des cerveaux : Un danger imminent pour l’Afrique
La fuite des cerveaux est l’une des plus grandes menaces pour l’avenir du continent. En effet, les jeunes qui quittent l’Afrique emportent avec eux des compétences, des talents et des idées qui auraient pu contribuer au développement de leurs pays d’origine. Cette émigration massive crée un cercle vicieux : les jeunes quittent parce qu’il n’y a pas assez d’opportunités, et leur départ affaiblit encore davantage les économies locales, réduisant ainsi les perspectives pour ceux qui restent.
Le Cameroun, par exemple, est confronté à une crise majeure avec l’exode de ses jeunes. Un grand nombre de jeunes Camerounais, attirés par de meilleures conditions de vie à l’étranger, quittent le pays en quête d’un avenir meilleur. Cette fuite des cerveaux prive le pays de talents dans des secteurs clés comme la médecine, l’ingénierie et les technologies de l’information. La situation est similaire dans d’autres pays comme le Ghana et le Kenya, où des milliers de jeunes qualifiés cherchent à émigrer chaque année. Le gouvernement camerounais déclare également que “plus de 6 000 enseignants, médecins et infirmiers ont quitté leurs postes dans la fonction publique au cours des trois derniers mois.”
L’avenir du continent en suspens : que reste-t-il sans la jeunesse africaine ?
Si la jeunesse africaine continue de quitter le continent en masse, les conséquences pour l’Afrique seront sévères et de longue durée. Voici concrètement et entre autres ce qu’il restera si cette tendance se poursuit :
- Un Vide de Compétences et de Main-d’œuvre Qualifiée : La fuite des jeunes talents entraîne une perte massive de compétences cruciales dans des secteurs comme la médecine, l’ingénierie et la technologie. Ces jeunes, souvent bien formés, pourraient apporter des solutions innovantes aux défis de leurs pays d’origine. En leur absence, des industries clés resteront sous-développées et dépendront d’une main-d’œuvre non qualifiée.
- Un Développement Ralenti : Avec l’exode des jeunes, les économies locales s’affaiblissent. La jeunesse est le moteur de l’innovation et du dynamisme économique. Sans elle, le progrès technologique, la productivité et les infrastructures du continent risquent de stagner, entraînant un ralentissement du développement général.
- Une Société Vieillissante et Moins Résiliente : Le départ des jeunes réduit la proportion de la population active. Cela alourdit le fardeau sur les générations plus âgées et crée une société moins résiliente face aux chocs économiques et sociaux. Le potentiel démographique de l’Afrique, basé sur une population jeune, sera perdu, et les efforts pour renforcer la gouvernance et l’économie pourraient échouer.
Conclusion : Investir dans les jeunes africains, un impératif
L’avenir de l’Afrique repose entre les mains de sa jeunesse. Ignorer cette réalité serait une erreur colossale. Si les jeunes africains continuent à quitter le continent en masse, l’Afrique risque de perdre un potentiel énorme, qui pourrait bien être sa seule chance de se développer de manière durable. Mais il est encore temps d’agir et de prendre des mesures nécessaires pour que la jeunesse africaine ne soit plus synonyme de fuite des cerveaux, mais bien de l’éveil du continent vers un avenir prospère et inclusif.
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